samedi 23 novembre 2024
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Régionales 2017 : La bataille de Bamako sera rude

Les têtes de liste des grands partis sont connues. L’ADEMA et le RPM n’iront pas ensemble. L’URD et les FARES n’iront pas ensemble. Le parti Yelama comme à l’habitude de son Chef fera cavalier seul sans alliances avec les grands partis de la majorité. Adama Sangré, le Maire sortant, devra croiser le fer, d’autant plus que nombreux jeunes candidats sont dans la course avec les ténors que sont : Moussa Mara (Yelema), Issa Guindo (RPM), Alhousseïni Maïga (FARES) et Me Demba Traoré (URD).

Les Régionales sont prévues pour le 17 décembre prochain. Chaque parti met les chances de son côté en présentant le plus crédible de ses militants pour briguer le fauteuil de la Mairie centrale de Bamako. Comme à chaque élection au Mali, les candidatures de complaisance et de figuration ne manqueront pas. Mais, encore comme à chaque élection, elles feront long feu. Ceux qui se disputeront réellement le fauteuil sont d’or et déjà connus. Il s’agit notamment du Maire sortant, Adama Sangaré qui est  à la tête de la liste de l’alliance ADEMA; Moussa Mara, l’ancien Premier Ministre; Me Demba Traoré pour le compte de l’alliance URD; Ahousseiny Maïga pour les FARES et partis amis,  enfin, Issa Guindo, l’ancien Maire de la Commune IV au compte du RPM et alliés.

Adama Sangaré

Compte tenu de son long vécu à la tête de la Mairie du District, il part logiquement avec une longueur d’avance sur les autres. Son expérience et sa connaissance des Hommes et des rouages lui seront des atouts qui, s’ils sont bien exploités, peuvent faire de lui un «imbattable». Mais, toute cette expérience devra se baser sur la confiance entre lui et les électeurs. Or, ces deux voire trois dernières années, il a été constamment au cœur de scandales fonciers. De scandales qui lui ont même valu un séjour en prison. Ce qui lui vaut aujourd’hui une bien triste réputation de «spéculateur foncier».  Mais, c’est à lui et à son parti politique ADEMA, qu’il représente, de bâtir autour de lui une bonne stratégie pour vendre le «produit» Adama Sangaré, même si la tâche est rude.

Moussa Mara

Ancien Maire de la Commune IV, ancien Ministre de la ville et ancien Premier Ministre, Moussa Mara, nourrit le rêve de siéger à la tête de Bamako un peu bien avant les autres. Il est l’un des candidats qui, bientôt deux ans, avait eu à dévoiler sa volonté de diriger la Marie centrale de la capitale malienne. Les nombreux meetings et manifestations de son parti reviennent sur cette volonté du «Chef» qu’il faudra tout faire pour réaliser. Moussa Mara, on le sait jouissait d’une forte sympathie en Commune IV du District de Bamako. Ce qui lui a d’ailleurs permis de faire inquiéter sérieusement IBK lors des élections législatives et de finalement renverser son futur adversaire, Issa Guindo, pour siéger à la Mairie. Politique dans l’âme, Moussa Mara s’est toujours efforcé de faire la politique autrement comme l’indique le nom de son parti. Nombreux sont les Hommes politiques qui, une fois élus, deviennent injoignables, introuvables et indisponibles, c’est tout le contraire chez Moussa Mara. L’Homme a toujours répondu aux multiples sollicitations des jeunes, des femmes et de toutes les associations désireuses de le voir à leurs côtés. Rarement, un Homme politique de son envergure aura été ce Monsieur «passe-partout» au point d’irriter ses détracteurs. Toujours également à lui même, il demeure ce «Moussa de Tous».  À n’en pas douter, il fera prévaloir de cela au moment venu. Et cela peut être  bien payant. Mais la grosse tache noire sur sa candidature reste et demeure son passage à la primature et son funeste voyage à Kidal en mai 2014. Une visite qui a une triste mémoire; perdre le contrôle de la ville de Kidal au Gouvernement avec son lot de soldats et de commis de l’État froidement assassinés. Sa prise de positions guerrières, après ce voyage, en disant qu’il était prêt à refaire le voyage si c’était à refaire, a été perçue comme une «arrogance» chez lui, le fils de Joseph Mara.

Issa Guindo

Il est le candidat du «tout puissant» RPM. Ça doit suffire pour faire de lui le Chef de Bamako. Car, on le sait, depuis son arrivée au pouvoir, le RPM ne lésine pas sur les moyens pour faire de ses appelés les élus. Issa Guindo fera certainement la bonne expérience, lui qui, depuis son passage à la Mairie de la Commune IV, Commune de résidence du Président de la République, et sa gestion de la commission de distribution des logements sociaux, attend d’être bien servi. Il devra batailler rudement avec son ancien tombeur, Moussa Mara. Donc, une affaire de revanche. Mais il aura beaucoup à faire pour effacer l’étiquette de «Spéculateur foncier» qui lui colle à la peau.

Tout au long de sa campagne, il devra s’atteler à se blanchir. C’est à cette seule condition que les Bamakois, au-delà des Habitants de la Commune IV, pourront lui accorder une chance après le gros coup de pouce de son parti. Pour ce faire, il pourra s’appuyer sur sa bonne gestion de la répartition des 3000 logements sociaux.

Si, au lendemain de la distribution de ces lots, le Ministre de tutelle de l’époque, Dramane Dembélé,  et l’Office Malienne de l’Habitat a été pris par des mécontents estimant que la Commission en charge de la distribution ait joué un quelconque rôle pour défavoriser certains Maliens au profit d’autres. Ainsi, il en ressort que cela pourrait être à l’actif de la commission et de son Président qui n’est autre que Issa Guindo. «J’ai changé» pourra être un bon slogan de  campagne, car les Maliens adorent les repentis.

Me Demba Traoré

À l’époque, il a été le plus jeune Député de l’Assemblée Nationale du Mali et  membre du Bureau Exécutif de l’URD, le parti du Chef de file de l’opposition malienne. Hormis son passage à l’hémicycle, qui date déjà, les Maliens ne se souviennent de lui que pour porter les coups durs au régime d’IBK. Toujours à la ligne de front quand il s’agit d’analyser le bilan du régime, ces nombreuses interviews accordées à la presse ont fait de lui le porte-parole au-delà de son parti, de tous ceux qui ne se reconnaissent pas dans ce régime. Ces mécontents pourront, donc, constituer une base d’électorat pour sa probable future élection. L’un des actes majeurs qu’il a récemment posé et qui reste encore vivace dans les esprits, c’est le «KO» qu’il a infligé au Ministre de la Jeunesse Amadou Koïta sur le plateau d’Africable sur la question de la révision constitutionnelle. Son aisance en langue Bambara a séduit plus d’un. Son argumentaire solide et éclairé a fini par faire de lui le chouchou de nombre d’électeurs maliens. Il peut et doit en user et pourquoi ne pas en abuser pour avoir une chance de surclasser le candidat du RPM et les autres.

Ahousseiny Maïga

Il est jeune, et vient d’un parti jeune. Le plus moins connu des favoris, il devra batailler fort pour se faire une place. Et, pour cela, il ne pourra compter que sur les acquis de son parti. Sinon lui, en tant qu’Ahousseiny Maïga, il n’a pas grand-chose à faire valoir. Les initiatives «tournées dans les grins» de son parti pour discuter avec les jeunes et les femmes sur la situation du pays seront, peut-être, payantes. Il pourra, cependant, brandir le drapeau du changement, du renouveau (une mission de son parti) pour bousculer ses concurrents directs.

La bataille sera rude. Un «Takokelen» est à écarter. Les certitudes d’aujourd’hui peuvent être fausses demain avec les jeux d’alliances dans l’entre-deux tours. Alors, si de prime à bord, les favoris sont connus, celui qui franchira le premier la ligne d’arrivée est loin de l’être.  Comme dans un 10 mille mètres, c’est celui qui saura le mieux géré ses temps forts et ses temps de faiblesses qui l’emportera.

Mohamed Dagnoko

 

Rédaction

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