Kaira Harby est une artiste, musicienne venue du Nord du Mali, née et grandit à Tombouctou. Cette célébrité malienne est une mère de famille qui a toujours aimé la musique depuis son plus bas âge. Très dévouée par son courage et son intelligence, Harbi a pu culturellement rayonner son terroir et le Mali en général. Par ses bonnes chansons sur le Nord du Mali, elle a décroché plusieurs trophées dont le dernier prix est celui intitulé « Trophée des femmes de culture et de paix », un documentaire sur la paix dont elle était l’actrice principale. Ce prix lui a été décerné aux Etats-Unis. Suivez l’interview !
LE COMBAT: Parlez- nous de votre parcours musical ?
Kaira Harby : Je ne suis pas griotte ni issue d’une famille de griots. Par contre, j’aime beaucoup la musique. Surtout la musique du Mali. J’ai commencé mon parcours musical d’abord par la troupe du quartier puis celle de l’école, du cercle, de la Région. Je faisais partie de l’orchestre régional de Tombouctou puis de celle de Gao. Ensuite, j’ai un peu évolué avec l’orchestre BADEMA nationale de Bamako. J’ai commencé ma carrière solo dans les années 1991-1992 et depuis lors je suis dans la musique et je ne fais rien d’autre que la musique et j’adore ce métier.
Vous-avez combien d’albums sur le marché discographique ?
J’ai cinq albums sur le marché discographique. Mon tout premier album s’appelle ‘’Molail’’. Le deuxième, c’est ‘‘Yarassoul’’, le troisième est ‘‘Hallah’’, le quatrième est ‘‘Tombouctou’’ et, enfin ; le cinquième album est ‘‘Trappe’’.
Quel est votre genre musical ?
Mon genre musical est la musique traditionnelle un peu modernisé. C’est-à-dire toutes les notes de la musique du Nord (que ça soit la musique touarègue, peulh, tamachèque, arabe, etc.), je mélange ces différentes musiques et je les modernise pour faire ma propre chanson.
Que représente la musique pour vous ?
En tant qu’Artiste, musicienne, la musique représente beaucoup de choses pour moi. D’abord, elle m’aide à oublier certaines choses et me permet de communiquer avec d’autres artistes, chanteurs et chanteuses. Naturellement, je suis une personne très timide ; mais, avec la musique, je me défoule, je me sens dans ma peau avec la musique, et elle m’aide à avoir des contacts dans le monde entier.
Quels sont les thèmes abordés dans vos chansons ?
Les thèmes abordés dans mes chansons sont de l’actualité. Tout ce qui se passe dans la société, ce qui est normal et ce qui ne l’est pas. Je les chante dans mes chansons pour avoir la solution, réunir les cœurs des gens pour l’entente et surtout pour la paix.
Aujourd’hui, selon vous, que doit être la contribution des artistes dans le processus de paix ?
Les artistes ont beaucoup de contribution à faire pour la paix. , Ce sont eux qui peuvent dire ce que les autres ne peuvent pas dire ; soit en chantant ou en parlant parce qu’ils savent qu’eux c’est des artistes et ils sont écoutés par tout et dans le monde. C’est l’artiste qui peut reconstruire le cœur des gens avec des chansons de moralité, avec des bonnes paroles et des sages conseils. Je vous avoue que si on doit parler de la paix, on devrait donner la parole aux artistes parce que parler de la paix dans les bureaux, dans des réunions, sur les papiers n’est pas la solution, il faut donner la parole aux artiste ; car, ce sont eux qui peuvent parler là où les autres s’arrêtent. Les artistes ont beaucoup contribué pour le problème du Mali, ils continuent à combattre et continuent à réconcilier les communautés, le peuple malien avec lui-même. Que tu sois du Nord, du Sud, partout au Mali afin que la paix règne dans notre beau pays.
En tant qu’artiste, musicienne, allez-vous continuer à vous battre toujours pour la paix ?
Moi, j’ai beaucoup fait pour la paix et je continue à le faire. Je suis allée de mon plein grée là où personne ne m’a envoyé pour rencontrer ceux qui doivent parler de la paix, ceux qui doivent cesser la guerre et je continue à chanter pour la paix et à lutter pour la paix.
Quel message fort avez-vous à l’endroit du Peuple malien pour la paix et la cohésion sociale ?
Mon message à l’endroit du Peuple malien c’est de se réconcilier entre nous même, dans nos familles, entre nos enfants, entre nos parents. Car, si vous ne faites pas cela, vous ne pouvez pas penser au pays ; puisque c’est après avoir réussi à réconcilier les cœurs des gens de mêmes familles, dans notre communauté, dans nos cercles et quartiers, Régions et villes que vous pourrez parler de la paix au plan national. La paix ce n’est pas dans la bouche mais dans le cœur et dans la pratique. Moi, en tant qu’artiste et femme, je lance un appel pressant à l’endroit de toutes les femmes du Mali ; car, on doit se mobiliser pour cette réconciliation et pour cette paix parce que si la femme ne se lève pas et ne parle pas c’est la femme qui perdra et qui va se retrouver sans rien. Ce, en ce sens que ce sont nos maris, nos papas, nos oncles, nos frères, nos enfants qui vont en guerre ; c’est-à-dire, ce sont les femmes qui sont les vraies perdantes dans tout ça. Nous les artistes, on demande à tous les Maliens, que tu sois Noir ou Blanc, que tu sois du Nord ou du Sud ou du Centre, de nous réconcilier et parler entre nous même. Je le dis à haute voix qu’il n’y a pas un pays qui vaut ce Mali, le nôtre. C’est le premier pays africain qui possède des femmes qui savent parler et lutter. C’est au Mali que les nobles reconnaissent leurs griots et les griots discernent leurs nobles. Il faut que tout le monde se lève et qu’on se dise la vérité dans le respect et la fraternité. Je demande au Bon Dieu que la paix règne dans notre pays.
Propos recueillis par Fatoumata Bintou Tounkara, Stagiaire : LE COMBAT