samedi 20 avril 2024
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Mahamadou Dabou Traoré, membre de la plateforme « Antè an bana, touche pas à ma constitution » : « Je manifesterai jusqu’à ce qu’il y est: Un retrait, des consultations, un consensus autour du texte final ou une annulation pure et simple du projet »

Le week-end dernier, il était à l’avant garde de la marche organisée par le mouvement « Trop c’est trop » pour dire non à la révision constitutionnelle.  Malgré la violence policière utilisée pour réprimer la marche, Mamadou Dabou Traoré dit « Pif » se dit prêt pour participer à la grande marche de demain de la plateforme « Antè an bana touche pas à ma constitution », présidée par Mme Sy Kadiatou Sow.  Pourquoi s’oppose-t-il à ce projet de loi ? Plus de détails dans l’interview que le Médecin a voulu nous accorder. Lisez !

LE COMBAT : Vous étiez, le week-end dernier, pour protester contre la révision constitutionnelle. Le référendum est prévu pour le 9 juillet. Vous êtes contre. Pourquoi ?

Mahamadou Dabou Traoré alias MDT : Je suis farouchement opposé à la tenue du référendum du 9 juillet parce que je pense que le projet de révision tel qu’il nous a été présenté contient les germes d’un pouvoir monarchique, où le Président de la République détiendra tous les pouvoirs sans aucun contrôle et sans aucune forme de redevabilité vis-à-vis du Peuple.

Quels sont les passages du texte de loi que vous incriminez ?

L’arbre ne devant pas cacher la forêt voici quelques éléments dans certains articles qui, pour le moment, ont attiré mon attention sur les 75 amendements proposés:

Article 27, à propos de l’hymne national du Mali qui s’appellerait désormais le « LE MALI» au lieu de le « Mali ».Je pense qu’il aurait été préférable de proposer « MALIBA DJANDJO FASSA », son nom Bamanankan, certains diront pourquoi pas en Bamou ou en peulh… Tout simplement parce que la langue Bamanankan est plus parlée dans le pays et, par exemple, le Palais présidentiel s’appelle «KOULOUBA»  (la grande montagne en Bamanankan) et cela ne dérange personne outre mesure. J’ai aussi des soucis avec l’article 57 à propos de la composition du Sénat : les Sénateurs sont élus pour deux tiers au suffrage indirect. Un tiers est désigné par le Président de la République. Je me demande quels seront les critères sur lesquels le Président de La République va se baser pour faire ce choix, les règles du jeu ne sont pas claires.
Il serait mieux de définir des règles claires et détaillées pour tous pour être Sénateur, soit, par exemple, sont d’office Sénateurs tous les anciens Présidents de la République, du Conseil économique culturel et social et de l’Assemblée Nationale, etc., en capacité d’actions.

Les articles 107 et 108 à propos de la nomination du Président de la Cours Suprême par le Président de la République et les membres de cette même Cours par décret présidentiel sur proposition du Ministre de la Justice. Le Ministère de la Justice est l’un des Ministères de la souveraineté dont le Ministre est choisi par le Président de la République. Partant de ce postulat, le Président de la République alors nommera tous les Magistrats à la Cours Suprême. Ce qui est, à mon avis, un peu trop.

S’agissant de l’article 143, à propos de la révision constitutionnelle, au-delà de son approbation par référendum, toutefois, le projet de révision n’est pas présenté au referendum lorsque le Président de la République décide de la soumettre au Parlement convoqué en congrès, des deux tiers de ses membres.

Le Bureau du Congrès est celui de l’Assemblée Nationale.
La procédure de révision par le Congrès ne peut être mise en œuvre lorsque le projet ou la proposition de révision porte sur la durée ou le nombre de mandats du Président de la République, des Députés et des Sénateurs ou bien la modification du présent alinéa.
J’estime, pour ma part, que le Peuple souverain doit être le seul habilité à se prononcer directement sur sa Loi fondamentale, au vu de la pratique observée chez nos parlementaires qui, sans aucune consultation préalable de leurs bases, votent systématiquement tout ce qui est défendu par les barons de leurs partis respectifs. Donc, dans un mépris total de la volonté populaire.

Sur la question de la violation de l’article 118 de la Constitution actuelle : l’initiative de la révision de la Constitution n’appartient concurremment au Président de la République et aux Députés. Le projet ou la proposition de révision doit être voté par l’Assemblée Nationale à la majorité des deux tiers de ses membres. La révision n’est définitive qu’après avoir été approuvée par référendum. Aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu’il est porté atteinte à L’INTEGRITE DU TERRITOIRE national. La forme républicaine et la laïcité de l’Etat ainsi que le multipartisme ne peuvent faire l’objet de révision. L’intégrité territoriale évoque le droit et le devoir inaliénable d’un État souverain à préserver ses frontières de toute influence extérieure. Elle est l’une des raisons d’être des armées nationales.
Au-delà de la mise en place des autorités intérimaires issues des dispositions de l’Accord l’Alger, l’Etat malien exerce-t-il son plein pouvoir sur l’ensemble du territoire national?

Est-il possible aujourd’hui de faire sécuriser les votes pour le référendum dans le Nord et dans le Delta intérieur du Niger en général et, particulièrement, à Kidal ville, par les forces de défense et de sécurité du Mali ?

Subissons-nous une invasion des djihadistes avec confiscation de l’autorité de l’Etat sur des pans entiers du territoire national ou est-ce une insécurité résiduelle ?

A chaque Malien, en fonction de son éclairage, de trancher sur cette question.

Pour terminer, je pense qu’il serait souhaitable d’ouvrir un débat public à l’intention de tous les citoyens, de la société civile, des partis politiques, des Experts de la Constitution ; bref, toutes les forces vives de la nation, en vue de revoir ensemble les 75 amendements proposés dans ce projet de reforme constitutionnelle pour avoir le consensus le plus large possible.

Avec l’Accord de paix et l’exigence pour le Mali de créer une Cour des Comptes conformément aux exigences de l’UEMOA, est ce que le Mali n’est pas obligé de réviser sa Constitution ?

Je ne suis pas contre une révision de la Constitution. Mais je suis contre cette volonté du Président de la République de vouloir profiter de la nécessité de la révision pour s’octroyer des pouvoirs monarchiques.

Demain samedi, il y aura une grande marche du camp du « NON ». Quel sera le message en tant que membre de la plateforme ?

Le message est très clair. Je m’aligne sur la position de la plateforme « Antè an bana ne touche pas à ma Constitution ». Je profite pour inviter toute la jeunesse à se mobiliser comme un seul Homme pour dire non à cette tentative de révision constitutionnelle. Je manifesterai jusqu’à ce qu’il y est : Un retrait, des consultations, un consensus autour du texte final ou, tout simplement, une annulation pure et simple du projet.

Propos recueillis par Mohamed Dagnoko : LE COMBAT

Rédaction

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