jeudi 18 avril 2024
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Insécurité dans le Centre du pays : À quand le retour effectif de l’État et le désarmement des milices d’autodéfense ?

Le retour effectif de l’État, le désarmement de toutes les milices d’autodéfense. Telles sont les conditions indispensables pour le retour de la paix et de la cohésion sociale dans les zones d’insécurité de notre pays, singulièrement dans les Régions du Centre où les actes de violences intercommunautaires, les enlèvements et les attentats meurtriers  sont devenus monnaie courante. 

Nonobstant la présence massive des forces étrangères et les FAMA (Forces armées maliennes), l’état des conditions sécuritaires se dégrade de plus en plus sur l’ensemble du  territoire malien. Du Nord au Sud, en passant le Centre, la situation va de mal en pis avec ces braquages, ces attaques et autres actes terroristes avec des lots d’innocentes victimes. Tant dans les zones rurales qu’urbaines et jusque dans la capitale, Bamako, c’est le désespoir total à cause de l’aveu d’impuissance et d’irresponsabilité des Gouvernants de garantir la sécurité des personnes et des biens. Avec sa politique sur fond de justesse à deux vitesses, des groupes d’autodéfense pullulent et font rage dans toutes les Régions du Nord et du Centre du pays. À Bamako, c’est surtout le phénomène de banditisme, d’insécurité résiduelle, de braquages à main armée qui poussent les citoyens à la constitution des Comités de veille citoyenne dans tous les quartiers.

Dans la Région de Mopti, des milices d’autodéfense comme Dan Nan Ambassagou et Dogon Ambassagou opèrent impunément et versent le sang des innocentes populations locales.

Selon le Rapport conjoint FIDH-AMDH, rendu public le 22 novembre dernier, le Centre du Mali est en proie à des violences d’une extrême gravité. Environ 40 % de toutes les attaques déplorées à l’échelle nationale s’y produisent. Ce qui en fait actuellement la zone la plus dangereuse du Mali.  Le conflit asymétrique s’est intensifié et devient de plus en plus complexe. Ce qui fait, selon le Rapport conjoint FIDH-AMDH, que le bilan provisoire s’est soldé par 500 victimes civiles entre janvier et août 2018 avec  la mort de plusieurs dizaines de combattants. Il y a eu trop de massacres frisant le génocide ; trop d’attaques meurtrières ; trop d’exécutions sommaires, de tortures, de disparitions forcées, etc. Des villages entiers ont été brûlés, d’autres assiégés par des blocus, leurs Habitants pourchassés. Plus de 15 000 personnes ont dû fuir ces persécutions, ces actes de violence commis tant par les djihadistes et les bandits rebelles que par des éléments traitres de la vaillante Armée malienne.

Ce qui prouve à suffisance que la paix et la sécurité semblent toujours loin même avec la mort d’Amadou Kouffa. En fait, il faut que l’Exécutif de l’État accepte d’agir, de gouverner en Responsable, en rompant avec la politique de deux poids, deux mesures entre les communautés. Le bilan humain de la crise au Centre du Mali depuis deux ans serait de 1 200 tués, des centaines de blessés et près de 30.000 exilés. Le nombre de personnes déplacées, selon toujours le même Rapport conjoint FIDH-AMDH, a fortement augmenté depuis le début de l’année pour atteindre plus de 75.000 à la fin du mois de juillet dernier. Rien qu’à Mopti, le nombre de déplacés est passé de 2 000 en avril à 12 000 en juillet ; et  972 000 personnes sont dans le besoin de protection et d’assistance humanitaire selon les Nations Unies. Les  atrocités de masses y sont  une réalité : des villages ravagés par les milices d’autodéfense armées ; leurs Habitants tués pour leur seule appartenance communautaire ; des citoyens innocents arrêtés et exécutés par ceux qui ont mission de les protéger ; cela, sur la base de simples dénonciations souvent infondées et frisant le règlement de vieux comptes.

Pour éradiquer cette persistance notoire de violences, selon les deux grandes associations de défense des Droits de l’Homme, des mesures suivantes s’imposent :

-Rectification des tirs de l’État en faillite de sa mission régalienne ;

-Rétablissement de l’Autorité de l’État dans toutes les Régions ;

-Retour de l’Administration et des Forces armées et de sécurité ;

-Désarmement de toutes les milices autodéfense ;

-Justice pour tous ;

-Réouverture  de toutes les écoles fermées, postes de Gendarmerie désertés, Tribunaux inopérants…

Car, ce sont tous ces facteurs qui ont permis aux mouvements djihadistes et aux milices communautaires de prospérer. Ces groupes de malfaiteurs et terroristes armés profitent du vide laissé par l’État pour imposer la terreur et leur loi. Les djihadistes exploitent les dérives des Représentants de la force publique pour proposer aux populations des solutions alternatives en matière de justice, d’éducation ou encore de gestion des ressources naturelles et des biens publics. Pour ce faire, les autorités maliennes doivent modifier leur stratégie de lutte contre le terrorisme et redéfinir les objectifs à atteindre dans le domaine de la pacification des Régions du Centre et du Nord et de la réconciliation nationale.

Dans cette perspective, force est d’avouer que la lutte contre le terrorisme menée depuis des années par Bamako et nos forces armées a montré ses limites. Aujourd’hui, dans certains villages, les djihadistes sont perçus comme les garants de leur sécurité, voire de la stabilité ; car, l’État semble incapable d’assurer sa mission. Leur emprise a gagné du terrain et leur mode de gestion leur a apporté une certaine crédibilité auprès des « exclus » du système.

Donc, toutes les dispositions doivent être revues  et une politique nationale mise sur pieds au plan sécuritaire.

Il faut éradiquer le phénomène de milices autodéfense, de trafic d’armes et de drogues ; rétablissement d’un lien de confiance sincère entre l’État et les populations civiles ; sécuriser les Agents et Fonctionnaires de l’État ; lutter contre l’impunité …

Ainsi, avec « la mort » du Chef de la Katiba Amadou Kouffa la semaine dernière, le salut reviendra sur le terrain.

Seydou Konaté : LE COMBAT

Rédaction

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