jeudi 25 avril 2024
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27e Sommet Afrique-France 2017 : Les enjeux et les défis

Au-delà des enjeux qui sont d’ordre sécuritaire et économique du continent africain, des sujets politiques et humanitaires se sont invités aux débats du 27e Sommet Afrique-France 2017, tenu à Bamako les 13 et 14 janvier derniers. Les travaux de ce Sommet étaient co-présidés par les Présidents malien Ibrahim Boubacar Kéïta et français François Hollande en présence de plusieurs de leurs pairs africains.

Ce grand rendez-vous entre l’Afrique et la France a tenu toutes ses promesses. Ce 27e Sommet, tenu dans la capitale malienne, a été une occasion pour les Chefs d’Etat de débattre les questions relatives aux défis sécuritaires et économiques du continent. Tous points suffisamment relevés dans leurs discours par les Présidents Ibrahim Boubacar Kéïta, Idriss Déby Itno et François Hollande.

Premier à prendre la parole, le Président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta, après avoir rendu un hommage mérité au Président François Hollande, dira ceci : « en accordant à Bamako l’honneur d’abriter le 27e Sommet Afrique-France, vous avez fait, sans équivoque, le choix de l’optimisme. Non pas de l’optimisme qui se réfugie dans le déni des faits. Mais de l’optimisme qui, dans chaque difficulté, décèle une opportunité. Face aux défis que nous affrontons, nous devons rester dans l’initiative et dans la solidarité ».

Selon IBK, le Mali qui a accueilli ce Sommet, est une Nation qui s’est remise debout, mais qui n’ignore rien des difficultés à surmonter dans la reconquête de sa stabilité. Il a également mis un accent particulier sur la mise en œuvre de l’Accord de paix et de ses impacts positifs notamment dans le domaine des réformes politiques et institutionnelles.

Pour l’émergence du continent africain

«Partenariat certes tourné vers une réponse solidaire. Mais aussi partenariat prenant en compte la reconstruction et le renforcement indispensable des capacités nationales de chaque Etat… En construisant un espace commun de sécurité, nous devons édifier également un espace commun de développement et de promotion humaine. Pour sauvegarder l’émergence du continent africain, il est de notre devoir d’enrayer ensemble une gangrène qui menace de larges portions de nos territoires. Il nous faut protéger l’Afrique au moment où celle-ci se redéfinit en mettant en avant la créativité de nos entrepreneurs, le dynamisme impatient de nos femmes et de notre jeunesse, les raccourcis de développement que nous offre la révolution numérique. Un partenariat robuste, ambitieux et innovant avec la France favorisera, nous en sommes certains, l’émergence économique véritable de notre continent », affirme IBK.

IBK a salué l’engagement des Emirats Arabes-Unis aux côtés de notre pays, avec, à l’appui, une contribution qu’il qualifie d’exceptionnelle dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent ainsi que pour la protection des patrimoines culturels.

Le Président du Tchad, Idriss Déby Itno, Président en Exercice de l’Union Africaine, à son tour, a rendu un hommage appuyé au Président Hollande pour son amitié pour l’Afrique et à son engagement sans faille.

Partenariat Afrique-France, un atout majeur 

Selon le Président en Exercice de l’Union Africaine, le partenariat Afrique-France est un atout majeur pour assurer la paix et la sécurité en Afrique et dans le monde. C’est seulement à ce prix que l’émergence de l’Afrique forgera son chemin vers la grandeur, pour le plus grand bien de ses peuples.

D’après lui, l’Afrique est aujourd’hui l’espace où la paix et la stabilité sont les plus menacées. Ce, en faisant allusion à la situation libyenne, dans l’espace sahélo-saharien, dans la corne de l’Afrique, au Soudan du Sud, dans les pays des Grands Lacs et de l’Afrique Centrale. Face à ces défis, l’Union Africaine et ses communautés régionales, doivent apporter des réponses adéquates.

Par ailleurs,  il s’est félicité des résultats encourageants obtenus sur le terrain en matière de lutte contre  la secte terroriste Boko Haram dans la Région du Lac Tchad et les terroristes au nord du Mali et dans la corne de l’Afrique, en Somalie et en Libye. Il se réjouit de la tendance assez forte de nombreux pays africains à privilégier le recours au dialogue et à la concertation comme mode de solution de leurs crises et tensions politiques en prenant l’exemple sur la RDC. Cependant, malgré cela, la situation sécuritaire demeure  précaire et la stabilité est toujours mise à rudes épreuves.

En sa qualité de Président en Exercice de l’Union Africaine, Idriss Déby Itno s’est félicité du fait que le continent est aujourd’hui, malgré toutes les difficultés citées précédemment, résolument engagé sur la voie de son irréversible émergence.  Il fera remarquer aussi que  l’Afrique doit offrir une image du continent qui fait rêver sa jeunesse et la dissuader de continuer à emprunter le chemin de la mort, à travers une migration humiliante, dangereuse, aux retombées chimériques.

«Puisse ce sommet de Bamako être celui de la solidarité, de l’action et du partenariat dynamique entre l’Afrique et la France. Notre bel héritage et notre destin commun ne nous laissent point un autre choix », a-t-il conclu.

La France restera toujours aux côtés du Mali

Le Président François Hollande a donné l’assurance que la France restera aux côtés du Mali. «D’abord, je veux affirmer que la France restera toujours aux côtés du Mali, toujours, jusqu’à l’aboutissement du processus de paix, jusqu’à ce que l’Etat malien puisse voir son autorité respectée sur l’ensemble du territoire malien. Pour la France, c’est à la fois l’expression de sa solidarité à l’égard d’un peuple ami et l’accomplissement de son devoir. En venant au secours du Mali puis en formant son armée, la France s’acquitte d’une dette à l’égard des soldats venant de toute l’Afrique morts pour notre liberté. La France fait également son devoir et d’une certaine façon poursuit son intérêt ; car, il ne peut pas y avoir de sécurité en Europe si des groupes terroristes s’installent à ses frontières. Il ne peut pas y avoir de maîtrise de l’immigration sans stabilité politique. Il ne peut pas y avoir de paix durable sans sécurité en Afrique. La France agit donc partout où elle pense qu’il est utile de le faire en Afrique, par solidarité, par devoir et également par la volonté de porter partout le message de la sécurité et de la paix », a déclaré le Président français.

Toutefois, il prévient que la France n’interviendra en Afrique qu’à la demande de pays souverains, avec l’accord de l’Union africaine et aux côtés des forces africaines dans le respect du droit international.

Sans détour, François Hollande fera savoir que désormais : «Quand la France est en Afrique, elle ne cherche pas à exercer une influence, à peser sur les choix politiques d’un pays et encore moins à capter ses ressources. Elle n’est là que pour participer à des opérations de maintien de la paix et pour travailler avec les Africains au renforcement de leurs capacités de défense. Parce que je vous le confirme ici, ce seront les Africains qui devront assurer la sécurité des Africains. Ce sont les forces armées africaines qui devront lutter contre le terrorisme ».

Il rappelle qu’au Sommet de Paris, il y a 3 ans, il était convenu de former 20.000 soldats africains par an. Donc, il est question d’évaluer aujourd’hui voire de réévaluer encore cet engagement de son pays pour la porter à plus de 25.000 soldats africains à former pour les trois prochaines années. « Ensemble nous avons affronté des périls, des épreuves, repoussé des menaces. Mais, ensemble, la France et l’Afrique, nous avons été capables de relever des défis, et de faire avancer le monde. J’évoquais notamment la cause climatique. ..Durant toutes ces années où j’ai été parmi vous, où j’ai été accueilli sur le sol africain et j’y ai effectué 32 visites officielles – disant cela, je ressens un goût d’inachevé, qui aurait dû finalement justifier d’autres prétentions, mais je veillerai à compléter mon expérience, tout en revenant là où je suis déjà allé », soutient le Président français.

Après la cérémonie inaugurale au Centre International de Conférence de Bamako (CICB), les Chefs d’Etat se sont retirés pour leur traditionnel huis clos. Les travaux ont été sanctionnés par une déclaration.

Salimata Fofana

 

Extrait de la déclaration

Les Chefs d’État et de Gouvernement ont souligné les enjeux de la coopération policière, judiciaire et de la surveillance des frontières dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et des crimes organisés. Ils ont appelé à une action collective accrue contre les réseaux de trafiquants, notamment de traite des êtres humains, de trafics de migrants et de trafic de drogue afin d’assécher la source de financement du terrorisme que représentent ces trafics. Les Chefs d’Etat se sont félicités de la création par l’Union africaine d’un fonds de lutte contre le terrorisme. Ils ont pris note de la demande faite à la communauté internationale, aux Nations-Unies en particulier, de participer à son financement, et à la France, membre permanent du Conseil de sécurité, de soutenir cette démarche. Les Chefs d’État et de Gouvernement sont convenus de mettre en place des moyens adéquats et d’accroître leur coopération en matière de lutte contre la cybercriminalité et, plus généralement, pour renforcer la cybersécurité. Ils ont mis en place un partenariat africain pour la sécurité numérique, qui constituera un cadre d’échange d’expertise, de développement des compétences et des ressources au service d’une mutation technologique sécurisée du continent africain à laquelle serait associé le Centre africain d’études et de recherches sur le terrorisme. Les Chefs d’État et de Gouvernement ont rappelé le caractère central de la formation des soldats africains pour les besoins de la sécurité nationale et des opérations de maintien de la paix. Au Sahel, la France reste pleinement engagée dans la lutte contre les activités terroristes aux côtés de ses partenaires, en particulier dans le cadre de l’opération Barkhane et de l’appui apporté aux forces nationales.

Les Chefs d’État et de Gouvernement ont réaffirmé la nécessité de renforcer les capacités des échelons régionaux en matière de paix et de sécurité, en soutenant leurs capacités d’intervention immédiate. Ils sont convenus de renforcer les capacités des outils de prévention des conflits et d’alerte précoce, à l’échelle régionale et continentale. Dans ce domaine, ils ont lancé un appel aux acteurs concernés par les questions de paix et de sécurité pour qu’ils s’approprient les recommandations issues des trois premières éditions du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique et participeront activement à la prochaine édition en novembre 2017. Ils ont souligné la priorité à donner au développement des opérations conjointes aux frontières menées notamment dans le cadre du G5 Sahel, du processus de Nouakchott et de la force multinationale mixte (FMM) de lutte contre Boko Haram ainsi que du processus de Djibouti. Ils ont accueilli avec satisfaction l’adhésion d’un plus grand nombre de pays aux processus de renforcement de la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée dans toute l’Afrique, et en particulier dans la région du Sahel. Ils se sont également félicités des efforts déployés à cet égard dans d’autres enceintes multilatérales telles que le CEN-SAD (Sahel-Sahara). La France poursuivra son soutien à l’opérationnalisation de la Force africaine en attente. Elle soutiendra la mise en œuvre d’un plan d’action stratégique de coopération et de formation en matière de lutte contre le terrorisme au bénéfice des pays de la Région.

Notant avec satisfaction les progrès accomplis dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, les Chefs d’État et de Gouvernement ont appelé à la restauration et au rétablissement de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national, conformément aux dispositions de l’Accord. Ils ont condamné le terrorisme sous toutes ses formes et exprimé leur solidarité au Mali face à la recrudescence des attaques qui ont visé les forces de défense et de sécurité du Mali, les forces des Nations-Unies, la Force française Barkhane et les populations civiles. Cette situation constitue une menace pour l’ensemble de la Sous-région.

COULIBALY

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